Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/260

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le principe de l’utilité — ; après quoi elle appliquera ce principe aux cas singuliers que la vie présente. Aura-t-on donc, faisant cette application, des lois pareilles, sous le rapport qui nous occupe, aux lois physiques ? Il en serait ainsi à coup sûr si l’on devait se borner, pour appliquer le principe de l’utilité, à considérer le plaisir ou la peine que nos diverses actions procurent par elles-mêmes, immédiatement, soit à nous-mêmes, soit à ceux de nos semblables qu’elles visent. Une action agréable serait dite bonne, une action pénible serait dite mauvaise ; et les lois morales seraient semblables aux lois physiques, pour cette raison que ces lois morales seraient purement la transcription de ces lois physiques qui régissent la production du plaisir et de la peine ; les lois morales ne comporteraient d’exceptions que parce que les lois qui expriment les conditions du plaisir et de la peine se contrarient parfois entre elles, ou sont contrariées encore par d’autres lois.

Toutefois, même à ne considérer que les effets immédiats de nos actions sur la sensibilité, une remarque s’impose : c’est que ces actions dont s’occupent les règles morales que l’on formule d’ordinaire sont complexes déjà, c’est qu’elles affectent notre sensibilité, ou la sensibilité de nos semblables, par plusieurs voies, de plusieurs manières à la fois ; c’est qu’elle ne correspondent pas précisément à ces conditions générales et simples du plaisir et de la peine que la science psychologique détermine.

Cette remarque n’a qu’une importance secondaire. Une remarque autrement importante, c’est que, lorsqu’on veut apprécier la valeur morale d’une certaine