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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/261

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sorte d’actions — et c’est cela qu’on fait quand on énonce une règle morale —, on est obligé de considérer toute la suite des conséquences que ces actions entraîneront après elles. Dans la science, il en va autrement : une généralisation scientifique est légitimée, avons-nous vu, dès que cette généralisation permet de prévoir l’avenir ; or il arrive souvent que le savant obtienne ce résultat, qui est tout ce qu’il poursuit, en unissant deux termes abstraits, l’effet et la cause, et sans rien considérer en dehors de ces deux termes. Et la conception courante, sans doute, veut qu’une action soit bonne ou mauvaise par elle-même, indépendamment de ses suites ; cette conception, toutefois, n’est pas si exclusive qu’on ne corrige souvent l’appréciation des actes par la considération de leurs conséquences ; et de plus elle n’est aucunement défendable. Mais si la valeur d’un acte dépend de toutes les conséquences qui en résulteront, comme la série des conséquences, pour chaque acte, est infinie, deux actes, si pareils qu’on les fasse, pourront toujours avoir des valeurs morales très diverses, et les règles morales spécifiques seront beaucoup plus éloignées que les lois physiques de pouvoir prétendre à l’universalité.

Il y a mieux encore. Dans les observations précédentes, il a été supposé, conformément à ce qu’enseigne la morale vulgaire, que les actions étaient ou bonnes ou mauvaises. Au vrai, il n’y a pas seulement des actions bonnes et des actions mauvaises, il y a des actions meilleures et des actions moins bonnes, des actions moins mauvaises et des actions plus mauvaises. Et la somme de plaisir ou la somme de peine, l’excédent de plaisir ou l’excédent de peine que produira une certaine sorte