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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/264

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elle doit s’appliquer : respectant toujours cette règle, il nous arrivera de ne pas agir toujours pour le mieux ; mais dans les cas où la règle sera juste, l’habitude dont je parlais nous aidera puissamment à faire le meilleur. Au contraire, si nous prétendons prendre pour chaque cas une décision particulière, si nous admet tons, encore, trop facilement des exceptions à la règle, nous pourrons dans plus d’une circonstance mieux voir ce qui en soi est préférable ; mais nous n’aurons pas pour soutenir la raison, dans d’autres circonstances qui seront plus nombreuses, cette force de l’habitude qui est peut-être ce qu’il y a de plus efficace en nous.

La pratique de la règle, d’ailleurs, n’est pas utile seulement par rapport au contenu spécial de cette règle : l’obéissance à des règles en général est pour nous une discipline qui a de la parenté avec cette discipline qui nous soumettrait à la raison, et à elle seule ; c’est une préparation, par là, à la moralité véritable. Celui qui s’astreint à observer des règles — quelles que soient ces règles — sans jamais y manquer, celui-là augmente en lui l’empire de la raison, il rend plus facile du moins l’exercice par la raison de l’autorité qui lui appartient.

L’obéissance constante à des règles, en même temps qu’elle nous est utile à nous-mêmes, est utile à nos semblables. Cette obéissance a une vertu exemplaire. En suivant fidèlement une règle morale, nous inspirons aux autres le respect de cette règle, et nous contribuons à diriger leur activité dans le sens que la règle détermine, ce qui le plus souvent sera bon. En outre, nous enseignons à nos semblables à pratiquer une discipline d’une manière générale, et nous contribuons