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CHAPITRE II

DE QUELQUES THÉORIES QUI MÉCONNAISSENT LA VRAIE NATURE DU PROBLÈME MORAL

I

L’erreur la plus grave que l’on pourrait commettre, touchant le problème moral, est évidemment celle qui consisterait à nier l’existence de ce problème. Cette attitude a été celle d’un certain nombre de philosophes, encore que parmi ceux qui l’ont adoptée plus d’un, et en particulier celui qui a créé le nom d’immoraliste, Nietzsche, aient en fait affirmé une morale.

Je n’ai pas l’intention de discuter ici l’immoralisme. Je m’arrêterai en revanche sur la conception de ces philosophes qui, sans nier peut-être proprement le problème moral, s’opposent du moins à ce que ce problème soit traité, et nient que l’on puisse le résoudre : ce qui, on l’avouera, revient à peu près à le nier ; car quelle sorte de réalité aurait un problème pratique qui ne comporterait pas de solution ?

Cette conception que je veux combattre se dégage des travaux d’une école contemporaine dont les principaux représentants sont M. Simmel en Allemagne, MM. Durkheim et Lévy-Bruhl en France. M. Simmel a soumis à une critique insistante, souvent profonde,