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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/50

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plissement de cette tâche n’implique aucune contradiction, aucune absurdité ?

C’est encore à une conception inexacte des fondements de la morale que s’adresse ce deuxième argument — très proche, au reste, du précédent — qui se dégage par endroits des écrits de nos auteurs, s’il n’a pas été développé par eux : à savoir que la raison, sur laquelle on veut s’appuyer pour créer la morale, n’a pas de contenu propre, qu’elle ne fournit que des principes purement formels, que le principe de la conduite, en conséquence, devra être un principe sentimental, non susceptible de justification[1]. En effet, pour qu’une doctrine morale soit rationnelle, et pour qu’elle puisse prétendre se faire accepter de tous, point n’est besoin qu’elle se déduise de la seule considération de la raison, de ses caractères et de ses exigences. Les ressorts de l’activité morale pourront être des sentiments ; seulement cette activité ne sera morale que parce que l’obéissance à ces sentiments se sera révélée conforme aux exigences de la raison, et que ces sentiments auront été réglés, modifiés — en une manière que l’on verra plus loin — par la même raison.

Reste un troisième argument que nos adversaires tiennent en réserve. Il consiste à dire que la nature humaine, que les philosophes à l’ordinaire font pareille, au moins dans son essence, chez tous les hommes, est variable et diverse plus qu’on ne pense, que l’unité de structure mentale dans l’espèce humaine, si elle doit

  1. Cet argument sert parfois, non pas à écarter le problème moral, mais à fonder une solution point vraiment rationnelle, sentimentale — si l’on veut parler ainsi — de ce problème : voir dans la deuxième section de ce chapitre ce qui est dit de la théorie de M. Rauh.