Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/61

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jours que ces règles enseignées par la religion procèdent de la raison divine, qui est essentiellement pareille à la nôtre, qu’elles relèvent, par suite, de notre raison à nous, et qu’en définitive c’est l’assurance que nous avons que notre raison, éclairée, les approuverait, qui nous autorise à nous en rapporter à la révélation.

Entre ceux qui tiennent pour la primauté de l’entendement divin et ceux qui tiennent pour la primauté de la volonté divine, je n’aurai garde de prendre parti. Aussi bien il est une voie directe et sûre pour établir que la morale théologique est une morale dérivée, qu’elle ne se suffit pas à elle-même. Cette voie consiste à montrer — et il s’agit ici d’une vérité évidente — que lorsque nous nous soumettons aux prescriptions d’une religion, les motifs, les mobiles de cette soumission sont en nous, qu’ils sont purement humains, que ces motifs et ces mobiles, par conséquent, relèvent de la raison, qu’il appartient à celle-ci de les juger, que c’est à elle de décider si nous devons ou non y obéir. Pourquoi suit-on les commandements qu’on croit dictés par la divinité ? Ce peut être simplement, c’est à l’ordinaire parce que ces commandements sont respectés par ceux qui nous entourent, et sans que nous fassions une considération particulière de leur origine divine : dans ce cas, la morale théologique perd son caractère propre pour n’être plus qu’une morale traditionnelle. Ce sera souvent parce qu’on craint, si l’on enfreint les commandements de Dieu, d’être châtié. Ce sera parce qu’on voit Dieu infiniment supérieur, de toutes les manières, à ce que l’on est soi-même, et que l’on éprouve pour lui le respect profond, la vénération aveugle que certains hommes ont pour des hommes qui les dépassent,