Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/60

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l’homme l’obéissance aux prescriptions divines ; elles lui ordonnent du moins de se conformer à ces prescriptions, le laissant libre d’agir à sa guise dans tous les cas où elles ne trouvent pas leur application. Et alors une question se pose tout de suite : les commandements que la divinité a dictés sont-ils arbitraires ? ou bien, au contraire, la divinité n’a-t-elle dicté ces commandements que parce qu’en eux-mêmes ils sont justes et bons ? Lorsqu’on ne se représente pas simplement Dieu comme un être plus puissant que l’homme, et qu’on veut lui conférer toutes les perfections, on se trouve très embarrassé en présence de cette alternative. Attribuer aux commandements divins une valeur intrinsèque, décider que Dieu ne pouvait pas en formuler d’autres, c’est, semble-t-il, refuser à Dieu l’omnipotence, c’est subordonner sa volonté à quelque chose qui serait hors de lui. Et d’autre part, comment parler de la bonté et de la raison de Dieu, si on regarde la morale que celui-ci nous impose comme le résultat d’un choix tout arbitraire ? Placés dans cette alternative, beaucoup de théologiens, et la plupart des métaphysiciens qui, sectateurs d’une religion révélée, ont spéculé sur l’idée de Dieu, se sont prononcés en faveur du caractère raisonnable des prescriptions divines. Mais si l’on adopte cette opinion, la morale théologique ne sera plus vraiment première, elle sera subordonnée à la morale rationnelle. On pourra se dispenser d’étudier les textes de la révélation, et chercher par la réflexion à déterminer la conduite que l’on doit suivre. Que si l’on préfère chercher dans les textes sacrés les règles de la conduite, pour s’épargner de la peine, ou par crainte de tomber dans des erreurs, il restera tou-