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Cognac. The united Vineyard proprietors. Louis Salignac. Manager late G. Salignac. Sur un des coins de l’étiquette brille l’effigie de Sa Majesté l’Empereur des Français avec ces mots “Napoléon III Empereur.” C’est une médaille dont le revers laisse voir les trois premières lettres du mot Paris ; ce n’est pas tout. Il y a médaille et médaille, et on comprend qu’une médaille de 4ème classe est loin de valoir une médaille de première classe. Mais comme j’ai demandé le meilleur brandy qu’il y avait dans le magasin, on s’est empressé de m’en offrir une bouteille portant une étiquette marquée à son coin d’une médaille de première classe. Le revers de la médaille nous laisse donc encore lire ces deux mots : “First Class.” Avouons qu’il y a de quoi nous inspirer une légitime confiance ; mais abondance de biens ne nuit pas, aussi ne soyons pas surpris de rencontrer une seconde médaille portant inscription : “1862 Londini Honoris Causa.” Le revers de cette médaille n’accuse aucune autre inscription, dans sa partie visible à l’œil-nu.

Donnons maintenant la proportion de quelques-uns des composants de cette liqueur qui se présente ainsi aux yeux du public avec son pompeux appareil de recommandations sans fin.

Alcool 56.60
Matières solides 00.83
Acides 0.0
Sucre 150 grains par chopine

Comparons maintenant ces chiffres avec ceux que j’ai donnés plus haut ; qu’en pensez-vous, ami lecteur ? n’est-ce pas là une honteuse falsification ? Et dire que ce brandy, qui n’est autre que du whisky additionné d’une quantité assez notable de sucre brûlé, porte cette magnifique étiquette dont je vous je vous ai donné une bien faible description. Croyez-moi : le marchand s’est trompé : c’est cette belle étiquette qui vaut $0.75 et non pas le whisky et le sucre brûlé. Pardon alors de vous avoir dit que le “Old brandy, Cognac” valait ce prix. Rendons à César ce qui appartient à César. Cette restitution faite, laissons le brandy de côté pour parler d’une autre boisson connue sous le nom de rhum. Sic transiit honoris causa.