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Traité populaire d’agriculture

notre pays, grâce à notre incurie, diminue énormément la quantité du fumier ; cette diminution est telle qu’elle dépasse, quelquefois, la moitié du poids de la masse primitive.

Cette réduction considérable est due, en grande partie, à la transformation en principes volatils (gaz) d’une partie des éléments constituants de l’engrais.

Ces gaz, s’échappant dans l’air, sont perdus pour la plante.

Enfouis à l’état frais, les fumiers éprouvent aussi la fermentation qui doit les transformer peu à peu en aliment pour les récoltes, mais ils se trouvent alors placés dans des conditions extrêmement favorables à la conservation de leurs éléments fertilisants. La couche de terre dont on les recouvre absorbe les produits gazeux et remplit à leur égard le rôle de condensateur.

La différence, ici, est en faveur des fumiers frais.

Autre différence.

La transformation des fumiers enfouis à l’état frais en matière assimilable ne s’opère pas avec la même promptitude que dans les tas, attendu que le fumier est divisé en couches de peu d’épaisseur, et que, d’ailleurs, la putréfaction se trouve encore ralentie par l’interposition des débris terreux.

Le fumier frais ne devient donc que lentement assimilable ; son action sur la végétation est plus longue et plus durable.

Les fumiers longs sont avantageux dans les terres fortes et compactes qu’ils contribuent à réchauffer et dont ils modifient la ténacité par l’interposition entre leurs particules, des débris pailleux. La chaleur que provoque leur décomposition fait germer les graines des mauvaises herbes. On fait disparaître ce mauvais effet en appliquant le fumier long aux plantes qui permettent d’effectuer des sarclages et des binages.