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CHAPITRE III

La réaction contre le matérialisme et le sensualisme. Socrate, Platon, Aristote.


Rétrogradations indubitables et progrès douteux de l’école athénienne opposée au matérialisme. — Le passage de l’individualité à la généralité ; il est préparé par les sophistes. — Les causes du développement des systèmes opposés et la simultanéité de grands progrès à côté d’éléments réactionnaires. — État des esprits à Athènes. — Socrate réformateur religieux. — Ensemble et tendance de sa philosophie. — Platon ; tendance et développement de ses idées. — Sa conception de la généralité. — Les idées et le mythe au service de la spéculation. — Aristote n’est pas empirique, mais systématique. — Sa téléologie. — Sa théorie de la substance ; le mot et la chose. — Sa méthode. — Essai critique sur la philosophie aristotélique.


Si nous ne voyons qu’une réaction contre le matérialisme et le sensualisme dans les œuvres de la spéculation hellénique, qu’on regarde habituellement comme les plus sublimes et les plus parfaites, nous courons le danger de les déprécier et de les critiquer avec le ton d’aigreur dont on use d’ordinaire envers le matérialisme. En effet, pour peu que nous négligions les autres faces de cette grande crise philosophique, nous nous trouvons en présence d’une réaction au plus mauvais sens du mot : une école philosophique, qui a conscience de sa défaite et de la supériorité intellectuelle de ses adversaires semble se relever, prétendre encore à la victoire et vouloir substituer aux idées plus exactes, qui commençaient à se faire jour, des opinions reproduisant seulement sous une forme nouvelle, avec une