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INTRODUCTION


L’histoire de la philosophie n’offre pas de drame plus attachant que la lutte incessante du matérialisme et de l’idéalisme ; que la perpétuelle alternative de succès et de défaite, que l’égale impuissance des deux adversaires à fixer la victoire. Jamais ces contradictions de la fortune ne se sont produites avec plus d’éclat que de notre temps. Tandis que le premier tiers du XIXe siècle avait retenti presque exclusivement des chants de triomphe de l’idéalisme, on a vu le second tiers rempli tout entier, en quelque sorte, par la voix grossissante et de plus en plus impérieuse des représentants du matérialisme.

Les adversaires de la philosophie triomphent de ces conflits sans cesse renouvelés. Ils remarquent complaisamment que l’hydre du matérialisme remplace immédiatement par une tête nouvelle relie que son éternel ennemi triomphe prématurément d’avoir abattue. Ils oublient qu’il en faut dire autant de l’idéalisme ; et que, connue par une loi nécessaire, les deux adversaires, loin de s’affaiblir par les coups mutuels qu’ils se portent, semblent l’un et l’autre y puiser une