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CHAPITRE IV

Le matérialisme en Grèce et à Rome après Aristote.
Épicure.


Vicissitudes du matérialisme grec. — Caractère du matérialisme après Aristote. Prédominance du but moral. — Le matérialisme des stoïciens. — Épicure, sa vie et sa personnalité. — Comment il vénérait les dieux. — Affranchissement de la superstition et de la crainte de la mort. — Sa théorie du plaisir. — Sa physique. — Sa logique et sa théorie de la connaissance. — Épicure écrivain. — Les sciences positives commencent à l’emporter sur la philosophie. — Part qui revient au matérialisme dans les conquêtes scientifiques des Grecs.


Nous avons vu, dans le chapitre précédent, comment le développement par série d’oppositions, auquel Hégel a donné une si grande importance dans la philosophie de l’histoire, doit toujours s’expliquer par l’ensemble des conditions de l’histoire de la civilisation. Une doctrine dont l’empire avait pris de vastes proportions et semblait entraîner à sa suite toute une époque commence à disparaître et ne trouve plus un terrain favorable dans la génération naissante, tandis que d’autres idées, jusqu’alors latentes, déploient l’énergie de la jeunesse, s’accommodent au caractère modifié des peuples et des gouvernements, et donnent une solution nouvelle à l’énigme du monde. Les générations s’épuisent à produire des idées ; elles ressemblent au sol qui pendant longtemps a donné la même récolte et s’est fatigué. Il appartient au champ resté en jachère de fournir à son tour une nouvelle et féconde moisson.