Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/144

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gion et la vie politique avaient fournis à la conscience de l’individu, pendant la période précédente, s’écroulèrent complètement, et, dans son isolement, l’intelligence demanda à la philosophie son unique soutien. Il résulta de la que même le matérialisme de cette époque, malgré son étroit attachement à Démocrite en ce qui concernait l’étude de la nature, se proposa cependant, avant toutes choses, un but moral : il voulut délivrer l’esprit des doutes, des inquiétudes, et arrivera la paix, au calme et à la sérénité de l’âme.

Mais, avant de parler du matérialisme dans le sens le plus restreint du mot (voir la note 1), entrons dans quelques détails sur le « matérialisme des stoïciens ».

À première vue, on pourrait croire qu’il n’existe pas de matérialisme plus logique que celui des stoïciens, qui regardent comme corporel tout ce qui à une réalité. Dieu et l’âme humaine, les vertus et les passions, sont des corps. Il ne saurait y avoir d’opposition plus tranchée que celle qui existe entre Platon et les stoïciens. Celui-la enseigne que l’homme est juste, quand il participe à l’idée de justice ; ceux-ci veulent qu’il ait dans le corps la matière de la justice.

Cette doctrine à l’air passablement matérialiste, mais elle n’a pas le trait caractéristique du matérialisme : la nature purement matérielle de la matière, la production de tous les phénomènes, y compris ceux de la finalité et de l’intelligence, par des mouvements de la matière conformes aux lois générales du mouvement.

La matière des stoïciens est douée des forces les plus diverses, et ce n’est qu’au moyen de la force qu’elle devient ce qu’elle est en toute circonstance. La force des forces est la divinité, dont l’activité fait mouvoir le monde entière travers lequel elle rayonne. Ainsi la divinité et la matière indéterminée sont presque en opposition l’une avec l’autre, comme dans le système d’Aristote, la forme suprême, l’énergie suprême et la simple possibilité de devenir tout ce que la forme suprême opère dans la matière : bref, comme s’op-