Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si déjà Galien considère même les idées comme résultant des divers états du corps.

Après avoir vu ainsi se former un ensemble de connaissances diverses qui pénètrent profondément dans les secrets de la nature et présupposent en principe l’idée que tout ce qui arrive dépend de lois générales, nous devons nous demander dans quelle mesure le matérialisme a contribué à faire acquérir ces connaissances et ces conceptions.

Tout d’abord un fait étrange se présente à nous. Excepté Démocrite, c’est à peine si un seul des grands inventeurs et des investigateurs de la nature appartient expressément à l’école matérialiste ; nous trouvons, au contraire, parmi les noms les plus illustres, un grand nombre d’hommes qui, très-opposés au matérialisme, professaient le culte de l’idéal, de la forme, ou étaient surtout des enthousiastes.

En premier lieu, occupons-nous des mathématiques. Platon le père de ces rêveries qui, dans le cours de l’histoire, nous apparaissent tantôt séduisantes et profondes, tantôt propres à troubler les esprits et à les pousser au fanatisme, est en même temps le père intellectuel d’une série de chercheurs qui portèrent la plus lucide et la plus logique de toutes les sciences, la mathématique, au point le plus élevé qu’elle devait atteindre dans l’antiquité. Les mathématiciens d’Alexandrie étaient presque tous platoniciens, et, lorsque commença la dégénération du néoplatonisme, lorsque la grande révolution religieuse, qui se préparait, vint agiter et troubler la philosophie, l’école d’Alexandrie produisit encore de grands mathématiciens. Théon et sa noble fille Hypatie, martyrisée par la populace chrétienne, représentent ce progrès scientifique. Pythagore avait imprimé une direction analogue à son école qui posséda dans Archytas un mathématicien éminent. C’est à peine si l’épicurien Polyen mérite d’être rangé à côté d’eux. Aristarque de Samos, le précurseur de Copernic, se rattachait aussi à d’anciennes traditions pythagoriciennes ; le grand Hipparque, qui découvrit la précession des équi-