Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/22

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ce qui, dans ce développement systématique de la conception mécanique de l’univers, pourrait mécontenter et blesser notre sentiment trouvera, comme nous le prouverons amplement, sa compensation sur un autre terrain. »

Le modèle de la fausse téléologie, qu’il combat ici, Lange croit le trouver dans la philosophie de l’Inconscient.

Nous avons nous-même, dans notre introduction à la traduction de la philosophie de l’Inconscient[1], signalé les graves défauts de la téléologie de M. de Hartmann. Mais il serait injuste de ne pas tenir compte des corrections que ce philosophe s’est efforcé d’apporter à son œuvre sur ce point, soit dans le chapitre final de son opuscule sur le darwinisme[2] soit dans l’appendice à la 7e édition de la Philosophie de l’inconscient, soit surtout dans la seconde et toute récente édition de son ouvrage, autrefois anonyme : l’Inconscient du point de vue de la physiologie et de la théorie de la descendance[3].

Cependant il y a une téléologie légitime. Lange en trouve dans Kant et dans Fechner lui-même, malgré quelques excès, des exemples remarquables. Du moment où l’on admet que le monde est constitué de telle sorte qu’il comporte une explication mécanique et qu’il est intelligible, alors qu’il aurait pu être disposé de mille autres façons inaccessibles à notre entendement, on reconnaît implicitement qu’il y a une finalité dans les choses. De ce que le mécanisme ne réalise la convenance organique qu’au prix de tâ-

  1. La Philosophie de l’Inconscient, traduite de l’allemand sur la 7e édition, par D. Nolen. Paris, Germer-Baillière, 1877.
  2. Le Darwinisme, traduction de G. Guéroult (idem).
  3. Das Unbewusste vom Standpunkt der Physiologie und Descendenztheorie. Berlin, Duncker, 1877.