Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/253

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distinction employées dans les écoles, furent blâmés avec raison, et valurent aux humanistes de nombreuses victoires sur les scolastiques. Quoi qu’il en soit, le but de ces logiciens était très-sérieux ; et, tôt ou tard, il faudra reprendre tout ce problème, dans d’autres conditions et avec un but dillîirent.

Le résultat de cette grande tentative fut négatif et ne servit qu’à montrer qu’il n’y avait pas moyen d’arriver par cette voie à une logique parfaite ; d’ailleurs une réaction naturelle contre l’excès de ces subtilités fit, bientôt après, abandonner tous les résultats, les bons comme les mauvais. On conserva pourtant, comme dit Condorcet, non-seulement l’habitude, inconnue à l’antiquité, d’employer des termes précis, mais encore une théorie du langage parfaitement conforme aux doctrines de l’empirisme.

Socrate avait cru que, dans l’origine, tous les mots devaient exprimer aussi parfaitement que possible la véritable essence des choses désignées ; Aristote, dans un moment d’empirisme, avait déclaré le langage chose conventionnelle ; l’école d’Occam, peut-être assez inconsciente de ce qu’elle faisait, contribua à fonder sur la convention le langage scientifique, c’est-à-dire qu’en lisant à son gré les idées, elle délivra le langage du type des expressions devenues historiques et qu’elle élimina de la sorte d’innombrables ambiguïtés et des idées secondaires qui ne pouvaient que troubler l’esprit. Ces travaux étaient les préliminaires indispensables si l’avènement d’une science qui, au lieu de tout puiser dans le sujet, laissait parler les choses, dont ; la langue est souvent bien différente de celle de nos grammaires et de nos dictionnaires. En cela déjà, Occam fut le digne précurseur des Bacon, Hobbes et Locke. Il l’était déjà d’ailleurs par l’activité et l’originalité plus grandes de sa pensée, lesquelles déterminèrent sa tendance et le firent renoncer à parler simplement d’après les autres ; il l’était surtout par la concordance naturelle de sa dialectique avec les principes