reux. Il attendra la mort sans la craindre ni la désirer.
Il est hors de doute que de la Mettrie s’intéresse uniquement à ce côté négatif de la conclusion et qu’il y mène ses lecteurs par des circuits, selon son habitude. Il ne trouve nullement contradictoire l’idée d’une machine immortelle ; mais ce n’est pas pour s’assurer de l’immortalité, c’est seulement pour que l’existence de ses machines soit indépendante de toutes les hypothèses. On ne voit pas trop, il est vrai, comment de la Mettrie a pu aller jusqu’à se figurer l’immortalité de sa machine ; à part la comparaison avec la chenille, il ne donne aucune indication à cet égard, et il serait probablement difficile d’en donner.
Non-seulement de la Mettrie ne trouve pas le principe de
la vie dans l’âme (qui n’est pour lui que la conscience matérielle) ;
il ne le trouve pas même dans l’ensemble, mais dans
les parties de l’organisme, prises une à une. Chaque petite
fibre du corps organisé se meut en vertu d’un principe qui
lui est inhérent. Pour le prouver, il a recours aux arguments
suivants :
1o Toute chair d’animaux palpite encore après la mort, et cela d’autant plus longtemps que l’animal est d’une nature plus froide (tortues, lézards, serpents) ;
2o Les muscles, séparés du corps, se contractent quand on les irrite ;
3o Les viscères gardent longtemps leur mouvement péristaltique ;
4o Une injection d’eau chaude ranime le cœur et les muscles (d’après Cowper) ;
5o Le cœur de la grenouille se meut encore une heure après qu’il a été séparé du corps ;
6o On a, d’après Bacon, fait des observations semblables sur un homme ;
7o Expériences sur les cœurs de poulets, pigeons, chiens, lapins. Le pattes arrachées à une taupe s’agitent encore ;