Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/440

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La nature est le grand tout, dont l’homme fait partie, et sous les influences duquel il se trouve. Les êtres, que l’on place au delà de la nature, sont, en tout temps, des produits de l’imagination, dont nous ne pouvons pas plus nous figurer l’essence que le séjour et la manière d’agir. Il n’y a rien et il ne peut rien y avoir en dehors du cercle qui embrasse tous les êtres. L’homme est un être physique ; et son existence physique, un certain mode d’action dérivant de son organisation spéciale.

Tout ce que l’esprit humain a imaginé pour l’amélioration de notre condition n’est qu’une conséquence de la réciprocité d’action qui existe entre les penchants placés en lui et la nature qui Penvironne. L’animal aussi marche de besoins et de formes simples vers des besoins et des formes de plus en plus compliqués ; il en est de même de la plante. L’aloès grandit imperceptiblement durant une série d’années jusqu’à ce qu’il produise les fleurs, qui sont l’indice de sa mort prochaine. L’homme, comme être physique, agit en vertu d’influences sensibles et perceptibles ; comme être moral, d’après des influences que nos préjugés ne nous permettent pas de discerner. L’éducation est un développement. Déjà Cicéron avait dit : Est autem virtus nihil aliud quam in se perfecta et ad summum perducta natura. Toutes nos idées insuffisantes proviennent du manque d’expérience et chaque erreur est la source d’un préjudice. Faute de connaître la nature, l’homme se façonne des divinités, qui devinrent l’unique objet de ses craintes et de ses espérances. Il ne réfléchissait pas que la nature ne connaît ni haine ni amour, et que, dans sa marche incessante, préparant tantôt une jouissance, tantôt une souffrance, elle agit d’après des lois immuables. Le monde ne nous offre partout que matière et mouvement. C’est un enchaînement infini de causes et d’effets. Les éléments les plus divers agissent et réagissent continuellement les uns sur les autres, et leurs différentes propriétés et combinaisons forment pour nous l’essence de