Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/480

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Testament, en usant des arguments habituels. Il aurait pu en employer de meilleurs ; mais il montre du moins qu’à cette époque même un théologien orthodoxe pouvait attaquer de la Mettrie sans passion (101).

Plus intéressant est l’écrit d’un célèbre médecin de Breslau, Mr Tralles. Celui-ci, admirateur forcené de Mr de Haller, qu’il appelait le double Apollon (comme médecin et comme poète), ne doit pas être confondu avec Tralles le physicien connu, qui vécut beaucoup plus tard, mais il pourrait bien être une seule et même personne avec l’imitateur de Haller, mentionné, en passant, par Gervinus comme l’auteur d’un pitoyable poème didactique sur les Riesengebirge (Les Monts des géants). Il écrivit en latin un gros volume contre L’Homme-machine et il le dédia à Mr de Haller, sans doute pour le consoler de la perfide dédicace de de la Mettrie (102).

Tralles débute en disant que L’Homme-machine veut persuader au monde que tous les médecins sont nécessairement des matérialistes. Il combat pour l’honneur de la religion et la justification de l’art médical. Ce qui caractérise la naïveté de son point de vue, c’est qu’il emprunte ses arguments aux quatre sciences principales, arguments dont il croit la force bien coordonnée, pour ne pas dire graduée d’après la hiérarchie des facultés. Dans toutes les questions les plus importantes, on voit revenir sans cesse les lieux communs, empruntés à la philosophie de Wolff.

Quand de la Mettrie veut conclure de l’influence des tempéraments, des effets du sommeil, de l’opium, de la fièvre, de la faim, de l’ivresse, de la grossesse, de la saignée, du climat, etc., l’adversaire répond que de toutes ces observations, il ne résulte qu’une certaine harmonie entre l’âme et le corps. Les assertions relatives à l’éducabilité des animaux provoquent naturellement la réflexion que certes personne ne disputera à L’Homme-machine le sceptre de la royauté qu’il s’agit de créer parmi les singes. Les animaux parlants t’appartiennent pas au meilleur des mondes, sans