Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/507

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crite[1], forme la transition naturelle de la conception purement objectiviste du monde, des premiers physiciens, à la conception subjectiviste des sophistes. Sans doute Protagoras ne devait parvenir à formuler son système que par une marche inverse de celle de Démocrite ; mais, d’autre part, Protagoras n’est pas moins opposé à Héraclite : celui-ci ne trouve la vérité que dans l’universel, celui-là la recherche dans l’individuel. Si le Socrate de Platon[2] déclare que, selon Protagoras, le mouvement est l’origine de tout, l’histoire n’a point il s’en préoccuper. Quoi qu’il en soit, on ne saurait méconnaître l’influence d’Héraclite sur la doctrine de Protagoras, et il est vraisemblable que ce philosophe emprunte d’abord à Héraclite l’idée des éléments, et que cette idée fermenta plus tard dans son esprit sous l’influence des théories de Démocrite, qui ramenait les qualités sensibles aux impressions subjectives.

32 [page 33]. Lewes, Gesch. d. a. Philos., Berlin 1871, l, p. 221.

33 [page 33]. Frei[3] dit, avec une grande justesse : « Mais Protagoras a beaucoup contribué aux progrès de la philosophie en disant que l’homme était la mesure de toutes choses. Il a ainsi donné à l’intelligence humaine la conscience d’elle-même et il l’a rendue supérieure ans choses. » Mais c’est précisément pour ce motif qu’il faut regarder cette proposition comme la véritable base de la philosophie de Protagoras dans sa pleine maturité et non pas le « tout coule » (πάντα ῥεî) d’Héraclite.

34 [page 34]. Frei, Quæst. Prot., p. 81 et suiv.

35 [page 35]. Voir Büchner, Leipzig, Die Stellung des Menschen in der Natur, 1870, p. 117. L’opinion de Moleschott à ce sujet sera étudiée avec plus de développements dans le 2e volume. Voir Ire édition, p. 307.

36 [page 36] : Frei, Quæst. Prot., p. 99. Zeller, l, p. 916 et suiv.

37 [page 36]. Lewes, Gesch. d. a. Philos., p. 228.

38 [page 46]. Cette doctrine se trouve exposée en détail particulièrement dans le Timée de Platon. Voir les passages p. Steph. 48 A ; 56 C et 68 E. Dans tous ces passages, il parle expressément de deux espèces de causes, les causes divines, rationnelles, c’est-à-dire téléologiques et les causes naturelles. Il ne dit nulle part que ces deux espèces de causes se confondent. La raison est supérieure à la nécessité, mais son empire n’est pas absolu ; elle ne règne que jusqu’à un certain point et « par persuasion. »

39 [page 46]. L’anthropomorphisme de cette téléologie et le zèle antimatérialiste avec lequel on enseignait et on la soutenait ressortent sur-

  1. Fragm. phys. 1.
  2. Frei, Quæst. Prot., p. 79.
  3. Frei, Quæst. Prot., p. 110.