Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/530

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chose qui puisse s’ajouter à l’idée d’une chose. Ainsi le réel ne contient (dans son idée), que la simple possibilité, et la réalité exprime l’existence comme objet de la même chose dont je n’ai que l’idée dans la possibilité purement logique. Pour expliquer cette corrélation, Kant emploie l’exemple suivant : « 100 thalers réels ne contiennent rien de plus que 100 thalers possibles. Ces derniers expriment l’idée, les premiers l’objet et sa position en soi ; mais si l’objet renfermait plus que l’idée, mon idée serait incomplète et par conséquent non applicable. Cependant, sous le point de vue de ma situation pécuniaire, il y a plus dans 100 thalers réels que dans l’idée ou la possibilité de 100 thalers. Car, en réalité, l’objet n’est pas seulement contenu analytiquement dans mon idée, mais encore il s’ajoute synthétiquement à mon idée, laquelle n’est qu’une détermination de ma pensée, sans que, par cette existence en dehors de mon idée, l’idée de ces 100 thalers soit le moins du monde augmentée ». L’exemple, ajouté dans le texte, d’un bon du trésor cherche à élucider la question en ce que, outre la possibilité purement logique des 100 thalers fictifs, on fait encore intervenir la considération de la probabilité, qui résulte de la science partielle des conditions propres à influer sur le payement réel des 100 thalers. Ces conditions, partiellement reconnues, forment ce qu’Ueberweg appelle la possibilité réelle. En cela il est d’accord avec Trendelenburg[1]. L’apparence d’une relation problématique entre le bon du trésor et la somme qu’il représente naît ici seulement de ce que nous reportons sur le premier le rapport que notre esprit a établi entre l’existence seule réelle des conditions et l’existence, qui sera réelle aussi à un moment ultérieur, de ce qui a été convenu.

29 [page 182]. Krug, Gesch. der preuss. Staatsschulden, p. 82.

30 [page 187]. La définition complète de l’âme (II, 1) est : Ψυχή ἐστιν ἐντελέχεια ἡ πρώτη σώματος φυσικοῦ ζωὴν ἔχοντος δυνάμει τοιούτου δέ ὃ ἂν ᾖ ὀργανικόν, que de Kirchmann[2] traduit : « L’âme est la première réalisation achevée d’un corps naturel, ayant la vie en puissance et possédant des organes. » On trouve au même endroit de très-bons éclaircissements ; toutefois quand de Kirchmann dit (p. 58) que cette définition de l’âme n’est pas une définition de l’âme au sens moderne de ce mot, mais seulement une définition de la force organique, que l’animal et la plante possèdent aussi bien que l’homme, cela ne peut pas être exact ; car Aristote commence par déclarer qu’il veut donner une définition générale de l’âme et par conséquent une définition comprenant toutes les espèces d’âmes. Mais Aristote ne veut pas, comme de

  1. Ueberweg’s Logik, 3e éd., p. 167, § 69.
  2. Phil. Bibl., t. 13.