Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/113

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les branches de la métallurgie et de la fabrication des tissus se développèrent sur une plus large échelle que par le passé. En Prusse, on se jeta avec une ardeur désespérée sur l’exploitation des mines et les travaux de forges. Houille et fer devinrent les mots d’ordre de l’époque. En Silésie et plus encore dans la province rhénane et en Westphalie, on rivalisa avec l’Angleterre. Dans l’espace de dix ans, le royaume de Saxe doubla sa production de houille. La province rhénane et la Westphalie triplèrent la leur ; la Silésie tint le milieu. Dans cette province, la valeur du fer brut produit fut doublée ; elle fut quintuplée dans la partie occidentale de la monarchie prussienne. La valeur de l’ensemble des produits des mines fut plus que triplée ; les produits des usines suivirent la même progression. Les chemins de fer furent appropriés au transport des marchandises en masse et augmentèrent leurs trains à un degré inespéré. Les armateurs prospérèrent et les exportations prirent en partie un développement prodigieux. Quand on n’eut plus de parlement, on travailla à établir l’unité allemande au moyen des poids et des monnaies. Trait caractéristique, l’organisation du change fut à peu près la seule mesure qui rappelât les grandes tendances unitaires.

Aux progrès matériels correspondit, de nouveau, l’essor des sciences physiques ; la chimie surtout se trouva en relations de plus en plus étroites avec les besoins de la vie. Dès lors on aurait pu se contenter des faits positifs et notamment des résultats utiles dus aux sciences précitées et, à l’instar de l’Angleterre, se soumettre pour le reste à une orthodoxie commode et vide de pensées. C’eût été le matérialisme pratique dans sa perfection ; car rien n’économise plus sûrement nos forces pour les rendre lucratives, rien ne consolide plus l’amour insouciant des jouissances, rien ne met plus le cœur à l’abri des odieux accès de la pitié et du doute relativement à notre propre perfection que cette inertie complète de l’esprit, qui écarte comme inutile toute méditation sur