Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/165

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sance de la nature, de Du Bois-Reymond. Langwieser a écrit, en 1871, un Essai d’une mécanique des états psychiques, opuscule qui contient quelques indications précieuses, quoique mal présentées, pour la future compréhension des fonctions cérébrales. L’auteur s’exagère naturellement la portée des explications qu’il hasarde quand, à son point de vue, il croit avoir expliqué ta conscience en démontrant le fonctionnement mécanique du cerveau, il tombe dans une erreur qui lui est commune avec tous les matérialistes. On pourrait croire qu’un semblable écrivain lorsqu’un investigateur tel que Du Bois-Reymond entre en scène, devrait au moins « secouer son sommeil dogmatique », et discerner exactement le point principal de la question ; au lieu de cela, nous nous trouvons en face d’un malentendu complet. Mais nous ne nous arrêterions pas longtemps à la méprise d’un seul écrivain, si nous ne pensions avoir devant nous, pour ainsi dire, le modèle classique de toute une série de méprises analogues, et si précisément ce point n’était pas de la plus haute importance pour l’appréciation du matérialisme.

La méprise est tellement grossière que Langwieser (p. 10) déclare formellement : Du Bois-Reymond se met en contradiction avec lui-même, alors qu’il adopte la thèse de Laplace relative aux prédictions fondées sur une formule cosmique irréprochable. Pour calculer, par la voie de la mécanique des atomes, les événements du passé ou de l’avenir, dans lesquels l’esprit humain a figuré ou figurera comme agent essentiel, il faudrait que les diverses dispositions mentales de l’humanité appartinssent pareillement au domaine de la mécanique connaissable des atomes, ce que Du Bois-Reymond nie catégoriquement. »… « Mais s’il répliquait que le génie imaginé par Laplace connaîtrait et apprécierait aussi les mouvements des atomes de tous les cerveaux de l’humanité, de manière à pouvoir calculer, d’après ces données, l’influence des processus intellectuels de l’homme