Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/265

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homogènes, non encore différenciés, qui, dans leur composition uniforme de parties semblables, ressemblent aux cristaux anorganiques, pouvaient seuls provenir d’une génération spontanée et devenir les ancêtres de tous les autres organismes » (50).

« Si vous n’admettez pas l’hypothèse de la génération spontanée, est-il dit dans un passage ultérieur, vous serez forcés, sur ce seul point de la théorie du développement, de recourir au miracle d’une création surnaturelle. Il faut alors que le Créateur ait formé comme tels le premier organisme ou les quelques organismes primitifs, desquels proviennent tous les autres, indubitablement les plus simples monères ou urcytodes, et qu’il leur ait communiqué la faculté de se développer mécaniquement. » Hæckel a raison de trouver cette dernière hypothèse « insuffisante tout à la fois pour l’âme du croyant et pour l’intellect du savant. » Mais on peut aller plus loin et affirmer qu’une semblable alternative est tout à fait inadmissible sous le rapport de la méthode. Pour les recherches scientifiques, il faut que la compréhensibilité de l’univers soit un axiome, et si, par conséquent, on regarde la génération spontanée comme invraisemblable, l’origine des organismes reste simplement un problème dont on n’a pas encore trouvé la solution. Disons, une fois pour toutes, que la science de la nature n’a aucune raison pour admettre un acte de création « surnaturelle ». Tomber dans de pareilles explications, c’est donc toujours quitter le terrain scientifique, ce qui est inadmissible pour des recherches sérieuses et ce dont en général il ne faut nullement tenir compte. Quant à ceux dont l’âme a besoin d’un acte de création, laissons-les libres soit de se réfugier avec cet acte dans tous les recoins ténébreux où la lumière de la science n’a pas encore pénétré, soit de se révolter contre l’ensemble de la science et de croire, sans se préoccuper des règles de l’entendement, tout ce que bon leur semble, soit enfin de se transporter, s’ils le peuvent, sur