Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/282

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finalité n’est pas la finalité humaine ; bien plus, autant que ses moyens d’action nous sont connus, elle n’est pas, comme on pourrait le croire, établie par une sagesse supérieure, mais par des moyens qui, décidément et évidemment, sous le rapport de leur valeur logique, sont les plus bas que nous connaissions. Or une telle appréciation elle-même n’est fondée que sur la nature humaine, et la conception métaphysique, religieuse des choses qui, dans ses fictions, dépasse ces limites, conserve toujours une sphère d’action pour rétablir la téléologie, laquelle reste simplement et définitivement éliminée de l’étude de la nature et de la philosophie naturelle critique.

L’étude du monde animal inférieur, qui, dans les dernières décades d’années, surtout depuis les découvertes de Steenstrup sur les générations alternantes, a fait des progrès considérables, élimine, du reste, l’antique idée d’espèce et projette aussi une vive lumière sur une question toute différente, du plus haut intérêt pour l’histoire du matérialisme sur la question de l’essence de l’individu organique (59). Grâce à leur connexion avec la théorie des cellules, les découvertes modernes commencent à exercer une influence si profonde sur nos conceptions physique set philosophiques, que les antiques questions sur l’essence de l’être paraissent adressées, aujourd’hui pour la première fois, sous une forme nette et claire, aux investigateurs et aux penseurs. Nous avons vu comment l’antique matérialisme tombe dans l’absurdité la plus complète, en considérant les atomes comme seuls existants, eux qui pourtant ne peuvent être les agents d’une unité supérieure, puisqu’ils n’ont d’autres rapports que ceux qui résultent du choc et de la pression. Mais nous avons vu aussi que précisément cette contradiction entre la multiplicité et l’unité est propre en général à l’intelligence humaine, et qu’elle se manifeste seulement avec le plus de clarté dans l’atomistique. Ici encore, le seul moyen de nous tirer d’embarras consiste à voir dans l’opposition de la