Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/287

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intimement et, au point de contact, se produit d’abord un aplatissement, puis une réunion complète. Un semblable processus d’accouplement a lieu chez les grégarines ; Siebold trouva même pour un ver, le diplozoon, qu’il naissait de la réunion de deux diporpes (63).

L’unité relative se manifeste d’une manière particulièrement remarquable chez les animaux inférieurs, chez les polypes, qui possèdent un tronc commun sur lequel apparaissent, par bourgeonnement, quantité de formes que, sous certains rapports, on peut regarder comme distinctes, et sous d’autres, comme des organes du tronc entier. On est amené à l’hypothèse que, chez ces êtres, même les mouvements de la volonté sont d’une nature tantôt générale, tantôt spéciale ; que les sensations de tous ces troncs à moitié indépendants sont en rapport les unes avec les autres et ont pourtant aussi leur action particulière. Vogt à tout à fait raison de comparer à la polémique relative à la couleur de la barbe de l’empereur, la polémique relative à l’individualité de ces êtres. « Des transitions se produisent peu à peu. L’individualisation augmente progressivement » (64).

Voilà ce que nous disions dans la première édition. — Nous revenons maintenant à l’idée d’espèce, et nous avons d’abord à faire quelques réflexions relatives moins à des découvertes et à des observations récentes qu’à l’examen plus précis de toute la question et, des principes de la lutte pour l’existence. La première réflexion est que l’idée d’espèce, à la suite d’un examen plus précis, apparaît comme un produit des temps où l’attention de l’homme se concentrait sur les créatures grandes et douées d’une organisation supérieure, et où l’on ne connaissait encore ni le microscope ni les séries infinies du monde inférieur des plantes et des animaux. Cela devient encore plus évident quand, outre l’espèce, on examine aussi les genres, ordres et classes, qui, encore au temps de Linné, paraissaient comprendre si complètement l’ensemble du règne animal. Aujourd’hui ce