Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/288

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réseau tout entier ne s’applique plus qu’à l’extrémité supérieure de la série animale, et plus l’observateur descend, plus il se trouve dans l’embarras. Quantité de caractères nouveaux semblent tantôt concorder, tantôt se croiser et réclamer déjà à leur tour, pour des groupes très-restreints, la même variété de divisions et de subdivisions qui suffirait, à l’extrémité supérieure de la série animale, pour commodément embrasser, par exemple, tout le « type » des vertébrés. Mais, d’un côté, tandis qu’en descendant, la richesse des formes devient si grande qu’aucun réseau logique ne peut plus l’enlacer, de l’autre, l’antique critérium d’une origine commune devient ici tout à fait insaisissable. Si donc Hœckel, dans sa Philosophie des éponges calcaires (65), fait naître douze systèmes différents, en partie naturels, en partie artificiels, uniquement de la conception plus ou moins compréhensive de l’idée d’espèce, on ne doit y voir ni un jeu incompatible avec les caractères, ni une anomalie isolée. Si l’homme eût commencé son étude des êtres de la nature par les animaux inférieurs, l’idée d’espèce, si sacrée aux yeux de maints savants, ne serait probablement jamais, née. L’opinion que nous devons aujourd’hui nous faire de toute la série des organismes n’est plus celle d’une gradation régulière et facile à voir, du plus bas au plus haut ; mais nous avons devant nous une base énorme du système entier, sans cesse en mouvement, et sur cette base s’élèvent les formes des végétaux et animaux supérieurs, de plus en plus nettes et distinctes à mesure qu’elles montent. Ici se rattache une deuxième remarque, concernant surtout les formes organiques supérieures. Si en effet nous admettons que celles-ci se sont constituées et différenciées, dans le cours de très-longues périodes, telles que nous les voyons maintenant, il s’ensuit nécessairement qu’elles doivent en général posséder un très-haut degré de stabilité, et que des variétés, des formes intermédiaires ne peuvent plus guère survenir dans la nature libre, tant que les con-