Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/299

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reconnu, dans les dernières éditions de son ouvrage, l’existence de caractères morphologiques, sans toutefois admettre la théorie de la tendance naturelle vers un développement progressif, théorie qui semble, en effet, à première vue, contredire formellement le darwinisme entier (74). Ainsi Kœlliker, qui admet la loi du développement des organismes, la déclare inconciliable avec l’hypothèse de Darwin (75). Le défaut fondamental de cette hypothèse, suivant lui, est l’adoption du principe d’utilité comme base de l’ensemble de la doctrine, principe qui « ne signifie rien ». Nous sommes parfaitement d’accord avec Kœlliker sur ce point qu’il faut admettre des causes positives de développement, fondées non sur le principe d’utilité, mais sur la disposition interne des organismes ; cependant, à côte de toutes ces causes positives, le principe d’utilité à sa valeur incontestable, car il se concilie avec la loi de la lutte pour l’existence, qui domine, d’une façon négative, l’aveugle mouvement de la naissance et de la croissance, et sépare les formes réelles d’avec les formes possibles en vertu de la « loi de développement ».

Kœlliker remarque que Darwin et ses partisans ont pense aussi, dans l’explication de la variabilité, à des causes internes « mais, en agissant de la sorte, ils abandonnent le terrain de leur hypothèse et se rangent du côté de ceux qui admettent une loi de développement et posent comme agents de la transformation des organismes des causes placées dans l’intérieur même de ces organismes ».

Il est vrai que Darwin, avec cet exclusivisme grandiose et si souvent victorieux que nous trouvons fréquemment surtout chez les Anglais, a établi son principe comme s’il devait tout en déduire ; et attendu que ce principe, d’après notre présupposition, influe partout, d’une manière décisive, sur la production du réel, ce procédé devait être poussé très-loin. La cause, partout coopérante, fut traitée comme si elle eût existé seule ; mais affirmer dogmatiquement