Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/300

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qu’elle existe seule ne constitue pas un élément nécessaire du système. Partout où Darwin se voit amené à la coopération de causes internes, il l’admet avec tant de naïveté dans son explication des formes de la nature, que l’on peut croire qu’il considère cette coopération comme se comprenant d’elle-même. En puisant le moins possible à cette source, mais au contraire le plus possible à celle de la sélection naturelle, il suit derechef une méthode parfaitement légitime, lui le représentant d’un principe nouvellement introduit dans la science ; car l’action de la sélection naturelle, expliquée par la sélection, artificielle, est quelque chose de parfaitement intelligible, — du moins d’après son côté négatif et régulateur que nous avons, déjà à plusieurs reprises, fait ressortir, comme étant le point capital de la question. La lutte pour l’existence nous est parfaitement intelligible, et par conséquent chaque réduction d’un phénomène à ce grand facteur de la création est une explication réelle du fait, tandis que le recours aux lois de développement n’est, pour le moment, qu’un renvoi à l’avenir, où peut-être un jour nous pourrons jeter un coup d’œil sur l’essence de ces lois de développement.

Malgré tout cela, on doit reconnaître que Nægeli et Kœlliker ont puissamment contribué à mettre en relief les causes positives et internes de la formation, et un examen philosophico-critique de l’ensemble du développement rendra nécessairement pleine justice aux deux points de vue et reliera convenablement leurs efforts pour faire comprendre les phénomènes.

On regarde avec raison comme un exemple particulièrement frappant de l’action d’une loi de développement la transformation de quelques axolotls à branchies en une forme de salamandres sans branchies. Des centaines de ces animaux qu’on avait transportés du Mexique à Paris, la grande majorité s’arrêta au degré le plus bas ; quelques-uns sortirent de l’eau et devinrent des animaux à poumons et