Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/311

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dans tout le domaine des sciences de la nature, et ce qui, dans ce développement systématique de la conception mécanique de l’univers, pourrait mécontenter et blesser notre sentiment, trouvera, comme nous le prouverons amplement, sa compensation sur un autre terrain.

Si donc l’opposition contre Darwin part, d’une manière plus ou moins franche, plus ou moins inconsciente, de sa prédilection pour la vieille explication téléologique de l’univers, une saine critique ne peut, en revanche, que tracer des limites et affirmer qu’aucune réfutation du darwinisme n’a de valeur, aux yeux de la science de la nature, si, à l’instar du darwinisme lui-même, elle ne prend pour point de départ le principe de l’intelligibilité du monde joint a l’emploi continu du principe de causalité. Toutes les fois, par conséquent, que, dans l’hypothèse auxiliaire d’un « plan de création » et d’idées analogues, se cache la pensée que, d’une source pareille un agent étranger peut s’introduire dans le cours régulier des forces de la nature, on ne se trouve plus sur le terrain de l’étude de la nature, mais sur celui d’un mélange confus de conceptions naturalistes et métaphysiques ou plutôt théologiques en général. Toute intervention d’une force mystique qui détourne un certain nombre de molécules de la voie où elles se meuvent en vertu des lois de la nature, pour les disposer et les coordonner, en quelque sorte, d’après un plan esquisse à l’avance, — toute intervention de ce genre aurait pour effet, selon les principes de la science, un travail appréciable par équivalents, mais rompant la série des équivalents, comme un lapsus calami survenu au milieu d’une équation, gâte toute la solution. Tout le « plan de création » que nous reconnaissons, tous les résultats des découvertes scientifiques faites jusqu’à ce jour, cette belle harmonie d’une loi égale et unitaire qui s’étend au monde entier, seraient détruits comme un fragile jouet d’enfant. Et dans quel but ? — Pour substituer à une explication réelle, quoique encore incomplète, le lambeau