Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/323

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naissons pas, tandis que nous connaissons certaines conditions générales, dont nous faisons la base de notre calcul. Quand le dé a reçu son impulsion et qu’il se trouve en l’air, les lois de la mécanique ont déjà déterminé quelle face restera finalement en haut, tandis que, pour notre jugement a priori, la probabilité pour cette face comme pour toute autre est encore égale à .

Si une urne contient un million de boules et que j’y introduise la main pour en retirer une, la probabilité pour chaque boule n’est qu’un millionième, et cependant il y en aura une, une distincte de toutes les autres, qui sera nécessairement retirée. Ici la fraction de probabilité ne signifie que le degré de notre incertitude subjective sur ce qui arrivera, et il en est absolument de même pour les exemples que Hartmann emprunte à la nature organique. Que, par exemple, parmi les causes naturelles de la vue, certains cordons nerveux reçoivent la lumière après être sortis du cerveau et s’être épanouis dans la rétine, c’est là un fait dont les conditions sont si compliquées et encore si inconnues, qu’il serait ridicule de parler ici d’une « probabilité » = 0,9, ou même = 0,25. La probabilité que ce fait arrivera fortuitement est, au contraire, égale à zéro, et pourtant le fait est réel et, comme tout naturaliste sérieux l’admettra, même nécessaire, d’après des lois générales de la nature. Ici recourir, cause de « l’improbabilité », qui n’est que l’expression mathématique de notre incertitude subjective, à un principe placé au delà de l’étude de la nature, c’est tout simplement jeter la science aux vents et sacrifier la saine méthode à un fantôme.

Il n’entre pas dans notre plan d’examiner davantage la philosophie de l’inconscient. » La voie, menant du point où nous quittons cette philosophie jusqu’à la fausse téléologie, à travers les empiétements de « l’inconscient », apparaît nettement et nous n’avons affaire ici qu’aux « fondements » du nouvel édifice métaphysique. Nous avons déjà