Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/358

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pas notablement le caractère, alors qu’une dépression ou un renflement modéré du crâne suffirait pour expliquer les contrastes les plus surprenants de toute la vie intellectuelle ? N’affaiblissons pas toutefois la critique avec un exposé auquel on peut du moins opposer une hypothèse. Il y a en effet des cas où les deux lobes antérieurs du cerveau étaient fort malades et même détruits en grande partie sans que l’on remarquât la moindre perturbation apportée à l’intelligence. Longet cite deux cas semblables dans son Anatomie et physiologie du système nerveux où les observations ont été très-bien faites. Or un seul cas de ce genre suffit pour renverser tout le système de la phrénologie (24).

Et ce n’est pas seulement le système de la phrénologie qui a été renversé ; car bien des anatomistes, partant d’un point de vue moins restreint, ont partagé l’opinion de ceux qui font résider l’intelligence dans les deux lobes antérieurs du cerveau, et cependant il n’y a rien de vrai même dans la localisation plus générale par groupes plus étendus de facultés intellectuelles. On a examiné des séries de crânes d’hommes remarquables, choisis au hasard, et on leur a trouvé le plus souvent, pas toujours, un front haut et large. Toutefois on a oublié que, même si deux gros lobes antérieurs coïncidaient ordinairement avec une grande intelligence, rien ne prouverait encore l’activité localisée de ces parties du cerveau. Car, tandis que tous les faits observés jusqu’ici portent à croire que les différentes parties du cerveau ont, au fond, la même destination, il se pourrait très-bien néanmoins qu’une organisation particulièrement favorable de l’ensemble fût aussi en connexion avec une forme particulière du cerveau.

Parmi les reproches qu’une partie de nos phrénologues repousse énergiquement, se trouve aussi la remarque que la phrénologie conduit nécessairement au matérialisme. Cela n’est pas plus vrai que ne le sont d’ordinaire les thèses générales de ce genre ; c’est au contraire une fausseté évidente. Si la phrénologie avait une base scientifique, elle se laisserait