Aller au contenu

Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non-seulement très-bien enter sur le système de Kant, mais encore concilier avec les conceptions surannées d’après lesquelles le cerveau est à « l’âme » à peu près ce qu’un instrument plus ou moins parfait est au musicien qui en joue. Remarquons toutefois que nos matérialistes, et dans le nombre, il y a des hommes de la part de qui on ne s’y attendait guère, ses ont prononcés, d’une manière étonnamment favorable, pour la phrénologie. Tels sont B. Cotta et particulièrement Vogt ; ce dernier, dans ses Tableaux de la vie animale, a écrit avec une précipitation caractéristique : « La phrénologie serait donc vraie jusquedans’ses moindres applications ? Chaque modification de fonction serait précédée ou plutôt accompagnée d’une modification matérielle de l’organe ? — Je ne puis dire que : oui, c’est ainsi, c’est réellement ainsi. »

Le motif de cette sympathie se devine aisément. En effet, la thèse générale, que la pensée est une activité du cerveau, peut, dans cette généralité, devenir très-vraisemblable, sans êtrepour cela très-efficace. C’est seulement lorsque l’on aura réussi à poursuivre plus spécialement cette activité, à la décomposer d’une manière quelconque en éléments et à démontrer, même dans ces éléments, la concordance du physique et de l’intellectuel ; c’est alors seulement que l’on admettra généralement cette conception et qu’on lui attribuera une grande valeur dans la formation de la théorie complète de l’univers. Si finalement on peut, avec cette connaissance, construire le caractère de l’homme, comme l’astronomie précise à l’avance la position des astres, d’après les lois de leurs mouvements, l’esprit humain ne pourra plus résister à un système qui produit des fruits semblables. Nos matérialistes sans doute ne sont pas rêveurs au point de croire la phrénologie actuelle en état de rendre de pareils services Vogt s’est exprimé bien des fois, dans d’autres écrits, d’une façon non équivoque, sur le caractère anti-scientifique de cette doctrine ; Büchner, il est vrai, traite la phrénologie avec de