Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/426

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concevoir l’espérance d’obtenir jamais, dans la théorie des mouvements de l’âme, des résultats importants d’une nature quelconque, à moins d’étudier leurs symptômes avec un soin extrême.

Nous revenons ainsi à une méthode psychologique, que l’on pourrait appeler matérialiste, s’il n’y avait dans cette épithète un rapport avec le fondement de toute la conception du monde, de laquelle il n’est nullement question ici. Il vaut donc mieux parler d’une « méthode somatique », promettant seule des succès sur la plupart des domaines de la psychologie. Cette méthode veut que, dans les recherches psychologiques, on s’en tienne le plus possible aux faits matériels, liés indissolublement et forcément aux phénomènes psychiques. Mais, en l’employant, on n’est aucunement condamné à regarder ces faits comme étant la dernière raison des phénomènes psychiques ou comme ce qui est seul existant, ainsi que le fait le matérialisme. Il ne faut pas toutefois se laisser égarer par le petit nombre des terrains inaccessibles jusqu’ici à la méthode somatique, au point de croire qu’il y ait là un processus psychique sans fondement physiologique. On peut en effet développer spéculativement la théorie de la succession des représentations, c’est-à-dire de l’influence exercée sur les représentations subséquentes par celles qui existent déjà ou qui viennent d’entrer dans la conscience ; on peut même, dans une mesure bien plus grande que par le passé, s’appuyer sur l’expérimentation et sur l’observation, sans se préoccuper davantage de la base physiologique. Ainsi le tour d’adresse des mnémonistes, qui retiennent une série quelconque de mots au moyen de l’intercalation, par la pensée, de certains mots de liaison, peut très-bien être traité comme une importante expérience psychologique dont la valeur, comme celle de toute bonne expérience, est indépendante de l’explication qu’on lui donne (50). On peut, par voie empirique, construire une théorie complète des fautes d’orthographe ou, comme l’a fait Drobisch, réduire à des