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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/457

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une multiplicité d’impressions, la surface de l’étoffe se divise entre tous les nerfs, et cette division est nécessaire pour faciliter dans le cerveau la plus grande diversité de liaisons avec d’autres impressions des sens ; de la sorte il ne sert absolument à rien qu’une partie quelconque du cerveau, à l’aide de ces impressions distinctes, reproduise une image physique de l’étoffe. Il faudrait en effet que cette image se redécomposât pour pouvoir s’introduire dans le mécanisme des associations. On peut donc ramener, aussi et même plus facilement, la naissance de l’image psychique de l’intuition, qui devient consciente dans le sujet, à une synthèse directe de toutes les impressions distinctes, encore que celles-ci soient disséminées dans le cerveau. La possibilité d’une synthèse pareille reste une énigme ; on a même lieu de croire que toute l’hypothèse de la production d’une image psychique unitaire par les excitations nombreuses et distinctes n’est qu’une conception insuffisante, dont cependant il faut nous contenter. Toutefois on comprend qu’une pareille synthèse soit absolument nécessaire pour former le lien entre la conscience et les phénomènes atomiques. Mais c’est précisément à cause de cela qu’il y a un non-sens à répéter les choses dans le cerveau, ou, pour parler plus exactement, à supposer encore une fois dans le cerveau représenté une image en raccourci comme produit de la synthèse et comme représentation d’une chose.

Ici Ueberweg, il est vrai, se tira d’affaire différemment. Adversaire de l’atomisme, il voyait dans la continuité de la matière un lien suffisant pour l’unité des représentations. Il n’avait pas besoin d’introduire un homme dans l’homme pour contempler les images du cerveau. Il prêta une « conscience » à ces images, et ainsi les représentations se trouvèrent formées. Sans doute il lui fallut pour cela une hypothèse à laquelle l’anatomie ne veut aucunement se plier. Il dut admettre, n’importe où dans le cerveau, une « substance sans structure », dans laquelle les images de représentation sont