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Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/466

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les phénomènes, on doit admettre des conditions organiques, il existe des faits qui ont une affinité essentielle avec les conclusions de l’entendement, cela augmente considérablement la probabilité que ces faits aussi reposent sur un mécanisme physique.

Si la question n’avait pas encore une face complètement différente, le matérialisme trouverait tout simplement un nouvel appui dans les recherches dont nous parlons ici. Il n’est plus le temps où l’on pouvait se figurer la pensée comme une sécrétion d’une portion particulière du cerveau ou la vibration d’une fibre déterminée. Il faudra bien désormais s’habituer à regarder les différentes pensées comme différentes formes d’activité des mêmes organes coopérant de diverses manières. Or quoi de plus agréable pour le matérialisme que la preuve qu’à l’occasion des perceptions sensorielles se produisent, dans notre corps, d’une façon absolument inconsciente, des faits qui, par leur résultat coïncident parfaitement avec les raisonnements ? Les plus hautes fonctions de la raison ne sont-elles pas ainsi considérablement rapprochées d’une explication, en partie du moins, matérielle ? Quand on vient parler aux matérialistes de la pensée inconsciente, ils lui opposent non-seulement l’arme du sens commun qui trouve une contradiction dans une fonction inconsciente de « l’âme », mais ils peuvent immédiatement raisonner comme suit : Ce qui est inconscient doit être de nature corporelle, car toute l’hypothèse d’une âme ne repose que sur la conscience. Si le corps peut, sans la conscience, effectuer des opérations logiques, que jusqu’ici l’on a cru ne pouvoir attribuer qu’à la conscience, il peut alors accomplir l’œuvre la plus difficile qui incomberait à l’âme. Rien ne nous empêcherait dès lors d’attribuer la conscience comme propriété au corps.

La seule voie qui conduise sûrement au delà de l’exclusivisme matérialiste s’appuie sur les conséquences mêmes de ce système. Supposons donc qu’il existe dans le corps un méca-