Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/553

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laquelle doivent se rattacher, pour lui prêter leur concours, tous les autres facteurs logiques. Pour que l’homme remplisse sa destinée, il faut que la pensée de la fin raisonnable à laquelle doit tendre sa vie arrive à la domination sans se préoccuper de la matière.

C’est aussi sur la téléologie qu’il étayait son hypothèse d’un Dieu gouvernant le monde avec conscience ; mais c’est là aussi le premier point où ses fluctuations commencèrent. Dans sa Lettre de Philalèthe, publiée sans nom d’auteur, il s’efforce tout d’abord de défendre la simple possibilité de l’existence de Dieu contre l’argument emprunté à la forme de l’univers ; ensuite seulement il cherche à démontrer la réalité de cette existence au moyen de la téléologie. L’objection précitée aurait peut-être eu peu de poids aux yeux de maint autre penseur ; mais pour Ueberweg lui-même elle fut presque écrasante. L’analogie avec les états internes du monde animal et particulièrement de l’homme devait nécessairement le conduire à admettre, pour la pensée divine aussi, une concentration analogue des éléments de conscience répandus dans l’univers, et ici il eut besoin, au fond, tout comme l’exige Du Bois-Reymond, d’un cerveau de l’univers et d’un système nerveux de l’univers. Il n’ignorait pas non plus la faiblesse du principe téléologique, bien qu’à ce moment il le défendit encore avec vigueur. Ainsi, dans une lettre du 18 novembre 1860, il me disait : « Je sais très-bien que l’on a coutume d’opposer la signification purement subjective du concept de finalité ; mais cette signification est aussi discutable. Celuiqui, sur ce point, se range du côté de Spinoza, doit démontrer comment on pourrait se figurer sans le concept de finalité les phénomènes de la vie organique, que nous nous expliquons le plus commodément à l’aide de ce concept. « Causalité x se prend d’ordinaire dans le sens objectif ; mais en l’entendant ainsi nous ne nous tirerons certainement pas d’embarras en jetant les atomes les uns sur les autres comme on jette les dés ; la « finalité