Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/619

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peut que la « mathématique purement formelle », elle aussi, soit née du principe de généralisation, comme la plupart des progrès les plus importants que la mathématique a faits dans les siècles modernes. Son importance n’en est pas diminuée et nous tenons pour possible qu’en vertu du même principe et sur la même voie la mathématique projette égarement sur la logique une lumière nouvelle. — Les recherches de Riemann et de Helmholtz, s’aventurant jusque dans les régions transcendantes (au sens philosophique), seront encore mentionnées plus loin. Contentons-nous de remarquer ici que J.-G. Becker a maintenu contre elles l’importance de l’intuition, au sens de Kant, dans ses Abhandlungen aus dem Grenzgebiete der Mathematik und der Philosophie Zürich 1870, et dans le Zeitschrift für Mathematik und Physik, 17e année, p. 314 et suiv. : Über die neuesten Untersuchungen in Betreff unserer Anschauungen vom Raume

21 [page 34]. Dans la première édition, il était dit ici de notre « faculté de penser », expression qui était employée par nous dans le sens vague avec lequel Kant parle fréquemment des facultés de l’âme, à savoir que sans aucun rapport à une conception psychologique précise de ces facultés, on entend par là la simple possibilité de la fonction en question. Nous avons mieux aimé écarter aussi ce souvenir de la manière dont les scolastiques comprenaient la psychologie. Au reste, faisons remarquer ici que la polémique connue de Herbart contre la théorie des facultés de l’âme n’est dirigée que contre une défiguration, populaire et fort répandue, de cette même théorie. La représentation véritablement classique de la scholastique ne fut jamais autre que celle-ci : dans tous les actes psychiques, c’est une seule et même âme qui agit et la « faculté » n’est pas un organe particulier, mais seulement la possibilité, dans le sens objectif, de cette activité déterminée. La question se présente encore ainsi chez Wolff, pour peu que l’on s’en tienne à ses définitions et non à ses paraphrases, très-souvent fondées sur la conception populaire des facultés, d’après l’analogie des organes corporels. — Kant alla encore plus loin dans l’abstraction de l’élément psychologique, vu qu’il ne pouvait non plus présupposer une âme unitaire. Pour lui donc, la faculté de l’âme n’est que la possibilité de la fonction d’un sujet inconnu et il ne maintint évidemment la théorie des facultés que parce qu’il crut y trouver un sommaire et une classification utiles des phénomènes. Toutefois les conséquences de cette classification l’éloignèrent souvent et beaucoup du but. — Nous expliquerons plus loin pourquoi nous avons conservé le terme peu kantien d’ « organisation » ou son synonyme « constitution ».

22 [page 35]. Voir notamment Kuno Fischer et Zimmermann, qui