Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/661

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étude purement morphologique, ne pas tenir compte de cette quantité tout à fait insaisissable ; mais, dès qu’il s’agira de se faire une idée de l’essence du développement, alors que le point de vue morphologique seul ne suffit pas, on commettrait, en négligeant cette quantité, une faute aussi grave que si, dans un calcul, on voulait effacer un des facteurs les plus importants, sous prétexte qu’il est inconnu, car naturellement il ne s’agit plus ici de la quantité matérielle en soi, mais de la valeur des effets de sa présence.

79 [page 299]. Voir Preyer[1] : « Les mouvements du protoplasme dans le germe imperceptible d’une graine changent la terre environnante, l’air et l’eau, sous l’influence de la chaleur, en un arbre gigantesque le mouvement du protoplasme dans l’œuf chauffé transforme son contenu en un animal vivant. D’où vient l’impulsion ? Qu’est-ce qui force les éléments à se coordonner de telle sorte que la vie en résulte ? La chimie tâtonne en vain pour trouver une réponse. »

80 [page 300]. Hæckel[2] remarque : « À notre avis c’est chose assez indifférente pour la théorie générale et fondamentale de l’évolution organique de savoir si, dans la mer primitive, alors qu’eut lieu le premier antagonisme, naquirent en différents endroits de nombreuses monères, primitivement différentes, ou s’il naquit beaucoup de monères semblables les unes aux autres, qui ne se différencièrent que plus tard, par de légères modifications dans la constitution atomistique de l’albumine. Si, depuis cette époque-là, Hæckel passa de plus en plus à l’affirmation exclusive de la descendance monophylétique, pour laquelle il trouve surtout des arguments péremptoires dans la forme gastrula des éponges calcaires, nous pouvons expliquer cette tendance par la prédominance du point de vue purement morphologique. À propos de la théorie de l’individualité[3], Hæckel a fait une distinction lumineuse entre l’individualité morphologique et l’individualité physiologique. Si l’on voulait appliquer la même distinction à la théorie de la descendance, on n’aurait pas, à notre avis, d’objection grave à faire contre un monophylétisme purement morphologique ; cependant nous attachons une plus grande valeur à la question de la structure interne et aux rapports de celle-ci avec le développement futur et nécessaire.

81 [page 301]. Histoire de la création, 2e éd. fr., p. 370. La thèse qui y est énoncée, et d’après laquelle les hypothèses monophylétiques de la descendance ont en général plus de vraisemblance interne que les polyphylétiques, n’est pas, comme on pourrait le croire, la

  1. Ueber die Erforschun gdes Lebens ; Jena, 1873, p. 22.
  2. Generelle Morphologie, I, p. 198.
  3. Generelle Morphologie, p. 265 et suiv.