Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/691

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les fois que j’ai les phénomènes partiels ; x¹, x², x³… il faut qu’il y ait devant moi une surface proportionnelle. Or les phénomènes x¹, x², x³, etc. sont donnés ; j’ai donc devant moi une surface proportionnelle. Le processus physiologique correspondant serait tout simplement que, suivant l’habitude (grâce aux voies de transmission établies) de l’excitation de certaines parties du cerveau par x¹, x², x³, etc., résulte chaque fois la représentation d’une surface (c’est-à-dire les conditions mécaniques de la synthèse dans la représentation d’une surface). Lorsque donc se manifestent les phénomènes x¹, x², x³, etc., il s’ensuivra immédiatement, si l’on veut, la représentation d’une surface dans le cas concret. En d’autres termes, l’ « intermédiaire » consiste simplement en ce que le cas spécial de la mineure se heurte au mécanisme déjà complet de la majeure ; ainsi le raisonnement final, la vue des surfaces, se produit de lui-même. Mais il ne me semble pas qu’un autre « intermédiaire » ait lieu dans le processus habituel de raisonnement, à moins que l’on ne fasse entrer dans le processus de raisonnement la recherché du concept intermédiaire, c’est-à-dire de la majeure qui trouve son application dans ce cas. Cette recherche de l’idée intermédiaire devient, dans notre cas, naturellement superflue. Les deux prémisses se trouvent aussitôt et sont réunies par une nécessité naturelle.

En ce qui concerne le reproche, étendu aussi à Helmholtz, ZœIIner et autres, de ne pas s’être assurés si l’explication au moyen de raisonnements inconscients était la seule possible et si en particulier on aurait du recourir à un essai pour expliquer les phénomènes par les lois de l’association, on peut répondre que l’explication assurément très-facile et très-naturelle par les associations ne contredit nullement celle par un raisonnement inconscient. S’il faut en effet, pour garder les termes précités, qu’après les phénomènes x¹, x², x³, l’image de la surface se produise suivant les lois d’association, cette image a dû être déjà souvent unie à ces phénomènes, et cela est identique avec l’existence de la thèse supérieure inductive, sous laquelle le nouveau cas spécial est subsumé. Les psychologues associationnistes, quand ils sont logiques, n’expliquent-ils point par des associations le raisonnement ordinaire et conscient ? Mais il est aisé de comprendre pourquoi ceux qui étudient la nature d’une manière plus exacte ne se complaisent pas dans de semblables méthodes d’explication, car, à vrai dire, ce ne sont pas des explications, mais des substitutions à des explications qui font défaut.

67 [page 463]. Voy. Rokitansky, Der selbstœntige Werth des Wissens, Wien, 1869, p. 35.