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lancé sur l’Océan des corsaires qui harcelaient sans cesse les vaisseaux de commerce des États du Nord. Bientôt les navires furent si exposés sous le pavillon fédéral, que leurs propriétaires les vendirent en Angleterre. Les plus beaux navires du commerce des États-Unis vinrent donc faire concurrence aux nôtres, sur le marché des Îles Britanniques. Qu’on ajoute à cela que, la guerre ayant diminué le commerce entre l’Angleterre et les États-Unis, le fret entre les deux continents dut tomber, que la construction des vaisseaux en fer prit, vers le même temps, un grand développement, et l’on comprendra la baisse énorme qui eut lieu dans le prix des navires en bois. La construction des vaisseaux alla en déclinant. Une grande partie de la population ouvrière qu’elle avait appelée ici, se trouva sans ouvrage. Vers le même temps, le gouvernement s’en allait à Ottawa, nous privant d’une population de 3,000 âmes et de l’argent qu’elle jetait parmi nous.

C’est alors que les faillites devinrent à l’ordre du jour, que l’on vit les magasins se fermer par douzaine, et des milliers de maisons privées de locataires. La valeur de la propriété foncière tomba à un taux ridicule. La principale source de revenu de notre administration municipale, fut diminuée en conséquence. D’un autre côté, nos dépenses avaient augmenté. Il fallait payer les intérêts des sommes dépensées en améliorations publiques au temps de notre prospérité. C’est alors que commencèrent les déficits. Il aurait fallu pour les combler augmenter les taxes, et nous avions déjà peine à payer celles dont nous étions chargés. Des gens intéressés à déprécier notre administration municipale, se mirent à lui attribuer un état de choses dont elle était aussi innocente que l’administration du Céleste Empire. Comme il arrive toujours lorsqu’on ne sait pas à qui s’en prendre du malaise que l’on ressent, le public se jeta sur la première cause qu’on lui signala, et la Corporation fut la victime sur laquelle s’exhala son mécontentement.

Voilà l’origine de toutes les accusations dont