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SOUVENIRS POLITIQUES

écrit M. Gabriel Hanotaux, a dépeint, d’après des indices déjà frappants dans la démocratie américaine ce terrible abus du pouvoir des majorités. Il montre le citoyen indépendant écarté des emplois publics, la fidélité et le mérite suspects, l’envie, la haine, les partis pris écartant les meilleurs. Il faut penser comme pense la majorité sous peine d’être éloigné de tout… L’honnête homme cède ; il plie ; il rentre dans le silence… Le maître ne dit plus comme l’ancien despote : « Vous penserez comme moi ou vous mourrez, » il dit : « Vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; mais de ce jour vous êtes un étranger parmi nous. Vous garderez vos privilèges dans la cité mais ils vous deviendront inutiles ; et si vous briguez le suffrage de vos concitoyens, ils ne vous l’accorderont point, et si vous le leur demandez, ils feindront encore de vous le refuser. »

Le clergé tenait le parti libéral tout entier responsable des idées exagérées de quelques-uns de ces membres, et les conservateurs ne manquèrent point d’exploiter ce sentiment à outrance.

Après la rupture entre Papineau et Lafontaine en 1849, il s’opéra un démembrement dans le parti libéral. Papineau fut suivi par un groupe de jeunes gens de talent comme les deux Dorion, Charles Laberge, Papin, Doutre, Laflamme, qui professaient des idées plus ou