Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
SOUVENIRS POLITIQUES

M. Casgrain dans Letellier et son Temps raconta cette scène.

« Avant de dire adieu à la députation, il exposa dans une allocution calme et pleine de dignité, qui fit une profonde impression, et même arracha des larmes à plusieurs, les sacrifices que l’homme public est appelé à faire pour ses concitoyens. Il avait pesé d’avance et calculé, dit-il, les suites de la détermination qu’il avait prise et l’éventualité qui venait de se réaliser ; il s’y soumettait, car il n’avait pas hésité un seul instant, dès lors à sacrifier sa position pour accomplir un devoir qu’il croyait être pour le plus grand bien de la province. Il était convaincu que le peuple était avec lui et que le peuple avait répondu à son appel et l’avait approuvé, ainsi qu’il venait de le déclarer par la voix de l’Assemblée Législative. »

Il s’éleva de toutes parts de vives protestations contre l’intervention fédérale dans les affaires de la province. L’indignation était si grande que bien des gens voulaient que M. Letellier restât quand même à Spencer-Wood. Ç’aurait été la répétition de ce qui se faisait au temps de la féodalité. Quand un seigneur se sentait assez fort pour résister au roi, il s’installait dans son chateau et refusait d’en sortir, à moins d’en être expulsé de force. M. Letellier avait un trop grand sens pour prêter un instant l’oreille à une semblable irritation.