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SOUVENIRS POLITIQUES

tenant au même parti que Chapleau ne naviguait pas précisément dans les mêmes eaux. Il appartenait à ce qu’on appelait alors l’école des Castors, et M. Chapleau détestait celle-ci, qui du reste, le lui rendait bien. Faire arriver Chapleau au premier rang, c’eut été grandir son influence, et M. DeBoucherville n’était pas disposé à le faire. Nous verrons plus tard qu’en 1893, lorsque M. Chapleau succéda à M. Angers à Spencer Wood, M. DeBoucherville abandonna sa position de premier-ministre pour ne pas servir sous lui. Personne n’ignorait dans le temps, qu’il ne voulait pas servir sous Chapleau.

Sans doute, M. Letellier n’avait pas songé à avancer les affaires de son parti : mais tout de même, il n’en est pas moins vrai qu’il lui a rendu un service signalé. Le parti conservateur était alors tout puissant dans la province ; dans la Chambre on pouvait compter sur les doigts les membres de l’opposition libérale.

Ce parti ne possédait que quelques journaux pour prendre sa défense et le clergé le battait encore en brèche. L’arrivée au pouvoir du parti libéral eut pour effet de secouer l’opinion publique engourdie. Il fallut faire la discussion des questions politiques dans tous les comtés, dans tous les villages ; les orateurs libéraux eurent ainsi l’occasion de prêcher par-