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SOUVENIRS POLITIQUES

dont les noms figurent aujourd’hui avec honneur dans notre histoire ; ces jeunes hommes s’appelaient John-A. Macdonald, Geo. Brown, Geo.-Et. Cartier, P.-J.-O. Chauveau, Jos. Cauchon, A.-N. Morin, J.-C. Taché et J.-C. Chapais. Ce dernier fut le premier adversaire qu’il eut à combattre en 1851. Cette élection fut chaudement contestée : M. Letellier était pauvre, tandis que l’autre, en outre de son talent, disposait d’une fortune assez considérable par sa femme, la fille du seigneur Dionne. Mais, le premier était un tribun d’une force et d’une puissance irrésistibles auprès des foules. Bâti comme un Hercule, possédant une voix capable de dominer de tumulte des masses, il en imposait par sa superbe prestance. On accourait même de très loin pour entendre le grand orateur. On peut donc affirmer qu’il se faisait élire par la force de son éloquence contre l’argent de ceux qui le combattaient. Il était de l’école des Dorion, des Fournier, des Geoffrion, de ces vieux libéraux qui, dans la discussion devant le peuple dédaignaient les injures et se bornaient à discuter, à plaider leur cause comme ils l’auraient fait devant des juges. C’était le vrai moyen d’éclairer les électeurs, de répandre la conviction dans l’esprit de ceux-ci et de jeter cette semence qui devait plus tard produire ses fruits. S’il est une chose que ces hommes possédaient à un haut degré,