Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
SOUVENIRS POLITIQUES

mes d’affaires de premier ordre et de riches capitalistes avait été formé dans le but d’affermer le Chemin de Fer du Nord et de l’exploiter à ses frais. Ce syndicat aurait payé au gouvernement un loyer annuel de $200,000. C’était le salut de la province. Malheureusement cet esprit de parti qui nous a fait tant de mal a brisé ce gouvernement pour satisfaire, non pas les légitimes ambitions, mais les appétits d’un petit nombre.

Après sa démission M. Letellier se retira dans la vie privée. L’énervante anxiété dans laquelle il avait vécu depuis des mois avait fini par ébranler cette constitution pourtant si forte. Il s’en alla vivre dans sa vieille paroisse natale, la Rivière-Ouelle, qui avait été témoin de ses jours ensoleillés, comme des heures sombres de sa carrière politique. C’est là qu’il s’éteignit au mois de janvier 1881 entre les bras de son curé, M. l’abbé Dion, et entouré de sa famille. Il mourut en vrai chrétien, en pardonnant à ses ennemis qui lui avaient fait tant de mal !

Pendant trente ans M. Letellier avait joué un rôle politique prépondérant dans le pays. Il était entré dans la vie publique comme député libéral en 1851, sous le ministère Lafontaine-Baldwin. Toute sa vie il est resté fidèle aux opinions qu’il s’était formées dans sa jeunesse. Il s’est trouvé à entrer dans cette carrière en même temps qu’une brillante pléiade d’hommes