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Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/137

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SOUVENIRS POLITIQUES

les accusait de toutes sortes de crimes que bien souvent ils n’avaient point commis : le malheureux Senécal surtout était le moins ménagé dans les dénonciations de la presse libérale. Elle le traitait ouvertement de voleur, de pirate, etc., etc. J’ai connu dans le comté de Montmorency une vieille femme qui avait un chat qui dérobait tout : elle l’appelait pour cela « Sénécal ! »

Les politiciens libéraux ne manquaient pas de soulever contre Senécal le plus de préjugés possible : ils le disaient millionnaire, ils l’accusaient d’amasser des sommes folles avec l’exploitation du chemin de fer. Ceci me remet en mémoire une amusante anecdote. Je visitais un jour un de mes électeurs, un de ces finauds que l’on rencontre assez souvent dans nos campagnes. Après avoir causé de politique, il me questionna au sujet de Senécal.

— Est-ce bien vrai, me demanda-t-il, qu’il a volé autant qu’on le dit ?

— Certainement, lui répondis-je avec assurance, croyant produire une vive impression sur mon électeur.

— Alors, reprit-il, il doit être bien riche ?

— Oui, bien sûr, lui répliquai-je.

Il demeura songeur pendant quelques instants, puis, il ajouta :

— Est-ce un « canayen » ce Senécal-là ?

— Oui, sans doute, lui répondis-je.