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SOUVENIRS POLITIQUES

touraient d’abord… Ces faits ne sont pas encore connus de la masse des électeurs. C’est pour la masse des électeurs que nous écrivons ; car si les voleurs doivent être chassés du temple, si le pays peut encore être sauvé, il faut la volonté et l’action de tout le peuple. »

Ce réquisitoire si courageux, si fier, tomba dans le public comme un coup de foudre. L’opinion en fut profondément émue ; il n’était plus possible de le laisser passer sous silence. Les mieux disposés en faveur de M. Senécal admettaient dans l’intimité qu’il était de son devoir de faire punir ses accusateurs ou bien d’abandonner l’administration du chemin de fer. Entre ces deux alternatives, il n’y avait plus à hésiter : il décida d’instituer des procédures contre le journal qui avait publié cet article sensationnel. On était à la veille des élections générales et M. Chapleau comprit tout le mal que lui ferait cet écrit si l’auteur ratait impuni. M. Senécal qui était en réalité le maître de la province et qui n’était pas homme à s’effrayer des difficultés qu’il pouvait rencontrer sur sa route, décida d’avoir raison de ses accusateurs. C’était un aléa redoutable auquel il allait faire face : il ne s’en effraya point. Il fit instituer à Montréal des procédures criminelles contre M. C.-A.-E. Gagnon, — plus tard ministre dans le gouvernement Mercier — qui était alors le gérant de l’Élec-