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Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/143

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SOUVENIRS POLITIQUES

beaucoup plus grave à l’article de l’Électeur.

Un mandat fut émané à Montréal contre M. Laurier. C’était le commencement d’une bataille judiciaire dont M. Senécal et ses amis ne soupçonnaient pas les conséquences. Il est probable que s’ils eussent pu prévoir l’éclat que cette affaire aurait, l’insuccès qui les attendait, ils ne se seraient pas engagés dans un pareil procès.

MM. Geo. Irvine, C.-A. Geoffrion et Honoré Mercier, trois étoiles de notre barreau, se chargèrent de la défense de M. Laurier.

Les procédures de M. Senécal n’intimidèrent guère M. Laurier. Il produisit un plaidoyer qui déconcerta ses adversaires. Dans ce plaidoyer il accusait carrément M. Sénécal d’une foule de malversations : d’accusé qu’il était il se porta accusateur. Il offrait entr’autres choses de prouver que M. Sénécal avait autrefois volé $50.00 à la compagnie de navigation de Trois-Rivières ; $40.000 à la compagnie des moulins de Pierreville ; $17.000 à M. Adolphe Roy ; $500 à la municipalité de Grantham.

On s’imagine facilement l’effet produit dans le public par un pareil réquisitoire. On s’éprit d’une admiration sans borne pour M. Laurier qui n’avait pas craint de s’attaquer à Senécal lequel, à cette époque, était considéré comme à peu près tout puissant.