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Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/189

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SOUVENIRS POLITIQUES

le moins, c’étaient les députés dont nous avions, je l’avoue, exagéré les ridicules. On fit du côté conservateur des démarches pour arrêter la publication de ces portraits ; un embassadeur fut délégué auprès de M. Mercier pour le prier de nous arrêter, promettant que l’Événement laisserait la paix à nos amis. Une amnistie fut conclue.

Ce que Mercier pouvait accomplir de travail est vraiment étonnant. Il passait ses jours entiers dans les comités ou à la Chambre ; rien ne lui échappait ; le soir lorsque la Chambre ne siégeait pas il travaillait chez lui, recevait des amis avec lesquels il discutait les événements. Le dimanche il consacrait toute sa journée au travail ; il s’enfermait au Palais Législatif dans une petite chambre qu’on lui avait choisie comme chef de l’opposition, et là, il dépouillait les dossiers ministériels dont il avait demandé la production dans le cours de la semaine. Il n’aurait pas pu suffire seul à la besogne, alors il nous invitait, mes deux frères, François, Chrysostôme et moi à aller l’aider. Il nous distribuait ces dossiers que nous examinions et dont nous lui remettions une analyse écrite. C’est surprenant ce que l’on trouve parfois de choses étonnantes dans un dossier ! Nous nous amusions bien des découvertes que nous faisions. De cette façon, M. Mercier connaissait mieux ces dossiers que les ministres eux-mêmes